Mot de la directrice du projet
Le 11 mars, j’annonçais à mon groupe d’écriture que je prenais enfin ma retraite. Après deux jours à nettoyer mon appartement de tous les papiers qui traînaient partout et après être allée à la bibliothèque pour me procurer des livres de détente, on nous annonce le confinement à cause de la COVID-19.
Pas de meilleure situation pour enfin m’arrêter! J’ai vécu deux semaines au paradis. Que du repos, de la solitude et de la détente! J’avais encore la télévision… Tous nous parlaient de créativité et de moyens pour garder la communication. Un bon soir, en écoutant Tout le monde en parle, j’apprends que Jeannette Bertrand, une femme de 95 ans, faisait également son effort pour aider les personnes âgées. Elle créait des modules pour aider les personnes à écrire leur autobiographie avant de mourir. « Pourquoi ne pas laisser un héritage à vos enfants? » disait-elle. Une amie, Marie Roy, qui connaissait bien mon intérêt pour le travail autobiographique en créant l’association J’écris ma vie Nouveau-Brunswick Inc., me dit : « Pourquoi ne fais-tu pas quelque chose au Royal pendant ce temps de pandémie? »
Comme j’ai toujours dit que l’essentiel pour des personnes âgées n’est pas juste la sécurité physique, mais le besoin de communiquer, je me suis dit : « Pourquoi ne pas au moins communiquer par écrit? »
Mais par où commencer?
• Écrire sur la pandémie?
• Écrire son autobiographie?
• Faire quelque chose pour qu’on puisse se connaître mieux entre nous?
• Créer des liens, même en étant privés d’activités?
Après avoir tourné en rond pendant une autre semaine, l’idée de ce livre afin de créer des liens entre nous se précise.
Les gens ont été invités à se présenter par écrit, chacun se présentant à sa façon et dans sa langue. L’important était de laisser la liberté à chacun et non de produire une création littéraire. Pour les gens qui ne se sentaient pas capables d’écrire, ils ont été interviewés et on écrivait à leur place. Les enfants de certains résidents ont même écrit pour eux.
Au départ, Marie-Ange Desrosiers accepta de faire la lecture et les corrections nécessaires. Yolande Roy s’est montrée très coopérative et elle a accepté de faire les photocopies et d’encourager les gens. Marie-Ange Desrosiers, Eunice Hamilton, Sœur Lucette Dugas et Sœur Armande Nicole ont accepté de m’aider à faire quelques entrevues et à écrire les textes pour les autres. Des personnes qui passaient à travers le processus d’écriture ou de l’entrevue encourageaient d’autres à le faire. Comme le virus invisible, des liens se créaient et plusieurs personnes ont accepté de participer à ce projet.
J’ai été agréablement surprise et intéressée d’apprendre autant des gens que je côtoie tous les jours. Je connais beaucoup mieux mes voisins et cela m’aide à les aimer davantage. La communication est plus facile.
J’ose espérer que chacune des personnes de la résidence qui liront ce livre découvrira, comme moi, des êtres riches dans tous les domaines et que cela aidera à créer des liens entre nous. Nous avons tellement besoin de cette communication dans un établissement comme le nôtre.
Durant cette pandémie, on a beaucoup parlé des personnes âgées. Puisse ce livre aider aussi à voir dans les personnes âgées non seulement des gens qui veulent rester vivantes physiquement, mais aussi psychologiquement, et qui sont encore capables de donner.
Un dernier souhait, c’est que parmi les personnes qui ont écrit quelque chose, cela vous invite à écrire votre autobiographie pour faire un cadeau à vos proches. Ce sera en même temps un bon moyen de vous découvrir et de donner au suivant en partageant votre expérience.
Bonne lecture à tous!
Thérèse Landry
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